Un abonnement à JoVE est nécessaire pour voir ce contenu. Connectez-vous ou commencez votre essai gratuit.
Method Article
L’oculométrie est une méthode non invasive pour sonder le traitement de l’information. Cet article décrit comment l’oculométrie peut être utilisée pour étudier le comportement du regard lors d’une tâche d’urgence de simulation de vol chez des pilotes à temps partiel (c’est-à-dire <350 heures de vol).
L’oculométrie a été largement utilisée comme indicateur pour mieux comprendre les processus cognitifs, perceptuels et sensorimoteurs qui sous-tendent la performance des compétences. Des travaux antérieurs ont montré que les mesures du regard traditionnelles et avancées démontrent de manière fiable des différences robustes dans l’expertise du pilote, la charge cognitive, la fatigue et même la conscience de la situation (SA).
Cette étude décrit la méthodologie d’utilisation d’un système de suivi oculaire portable et d’un algorithme de cartographie du regard qui capture les mouvements naturels de la tête et des yeux (c’est-à-dire le regard) dans un simulateur de vol immobile haute fidélité. La méthode décrite dans cet article décrit les analyses du regard basées sur les zones d’intérêt (AOI), qui fournissent plus de contexte lié à l’endroit où les participants regardent, et la durée du temps de séjour, qui indique l’efficacité avec laquelle ils traitent les informations fixées. Le protocole illustre l’utilité d’un oculomètre portable et d’un algorithme de vision par ordinateur pour évaluer les changements de comportement du regard en réponse à une urgence inattendue en vol.
Les résultats représentatifs ont démontré que le regard était considérablement affecté lorsque l’événement d’urgence a été introduit. Plus précisément, l’allocation d’attention, la dispersion du regard et la complexité de la séquence du regard ont diminué de manière significative et sont devenues très concentrées sur le fait de regarder à l’extérieur de la fenêtre avant et de l’anémomètre pendant le scénario d’urgence (toutes les valeurs p < 0,05). L’utilité et les limites de l’utilisation d’un oculomètre portable dans un environnement de simulation de vol immobile haute fidélité pour comprendre les caractéristiques spatio-temporelles du comportement du regard et sa relation avec le traitement de l’information dans le domaine de l’aviation sont discutées.
Les humains interagissent principalement avec le monde qui les entoure en bougeant d’abord leurs yeux et leur tête pour concentrer leur ligne de vue (c’est-à-dire leur regard) sur un objet ou un lieu d’intérêt spécifique. Cela est particulièrement vrai dans les environnements complexes tels que les cockpits d’avion où les pilotes sont confrontés à de multiples stimuli concurrents. Les mouvements du regard permettent de collecter des informations visuelles à haute résolution qui permettent aux humains d’interagir avec leur environnement de manière sûre et flexible1, ce qui est d’une importance primordiale dans l’aviation. Des études ont montré que les mouvements oculaires et le comportement du regard donnent un aperçu des processus perceptifs, cognitifs et moteurs sous-jacents à travers diverses tâches 1,2,3. De plus, l’endroit où nous regardons a une influence directe sur la planification et l’exécution des mouvements des membres supérieurs3. Par conséquent, l’analyse du comportement du regard pendant les tâches aéronautiques fournit une méthode objective et non invasive, qui pourrait révéler comment les modèles de mouvements oculaires sont liés à divers aspects du traitement de l’information et de la performance.
Plusieurs études ont démontré une association entre le regard et la performance des tâches dans divers paradigmes de laboratoire, ainsi que dans des tâches complexes du monde réel (c’est-à-dire l’exploitation d’un avion). Par exemple, les zones pertinentes pour la tâche ont tendance à être fixées plus fréquemment et pendant des durées totales plus longues, ce qui suggère que le lieu de fixation, la fréquence et le temps d’attente sont des indicateurs de l’attribution de l’attention dans les tâches neurocognitives et aéronautiques 4,5,6. Les personnes très performantes et les experts présentent des biais de fixation significatifs envers les domaines critiques par rapport aux moins performants ou aux novices 4,7,8. Les aspects spatio-temporels du regard sont capturés par des changements dans les modèles de temps de séjour dans diverses zones d’intérêt (AOI) ou des mesures de distribution de fixation (c’est-à-dire l’entropie du regard stationnaire : SGE). Dans le contexte des paradigmes basés sur le laboratoire, la durée moyenne de fixation, la longueur du chemin de balayage et la complexité de la séquence du regard (c’est-à-dire l’entropie de transition du regard : GTE) ont tendance à augmenter en raison de l’augmentation du balayage et du traitement nécessaires pour résoudre des problèmes et élaborer des objectifs/solutions de tâches plus difficiles 4,7.
À l’inverse, des études aéronautiques ont démontré que la longueur du chemin de balayage et la complexité de la séquence du regard diminuent avec la complexité de la tâche et la charge cognitive. Cette divergence met en évidence le fait que la compréhension des composantes de la tâche et des exigences du paradigme utilisé est essentielle à l’interprétation précise des mesures du regard. Dans l’ensemble, les recherches menées à ce jour soutiennent que les mesures du regard fournissent un aperçu significatif et objectif du traitement de l’information spécifique à la tâche qui sous-tend les différences de difficulté de tâche, de charge cognitive et de performance de la tâche. Avec les progrès de la technologie de suivi oculaire (c’est-à-dire la portabilité, l’étalonnage et le coût), l’examen du comportement du regard dans la nature est un domaine de recherche émergent avec des applications tangibles pour faire progresser la formation professionnelle dans les domaines de la médecine 9,10,11 et de l’aviation 12,13,14.
Les travaux actuels visent à examiner plus en détail l’utilité de l’utilisation de mesures basées sur le regard pour mieux comprendre le traitement de l’information en utilisant spécifiquement un oculomètre portable lors d’une tâche de simulation de vol d’urgence chez les pilotes à temps faible. Cette étude s’appuie sur des travaux antérieurs qui ont utilisé un oculomètre stabilisé (c’est-à-dire EyeLink II) pour examiner les différences dans les paramètres du comportement du regard en fonction de la difficulté de vol (c’est-à-dire les changements dans les conditions météorologiques)5. Les travaux présentés dans ce manuscrit s’inscrivent également dans le prolongement d’autres travaux qui ont décrit les approches méthodologiques et analytiques de l’utilisation de l’oculométrie dans un système de réalité virtuelle15. Notre étude a utilisé un simulateur immobile de plus grande fidélité et rapporte une analyse supplémentaire des données de mouvement oculaire (c’est-à-dire l’entropie). Ce type d’analyse a été rapporté dans des articles précédents ; Cependant, l’une des limites de la littérature actuelle est le manque de normalisation dans la déclaration des étapes analytiques. Par exemple, il est d’une importance cruciale de rendre compte de la définition des zones d’intérêt, car cela influence directement les valeurs d’entropie résultantes16.
En résumé, les travaux actuels ont examiné les mesures traditionnelles et dynamiques du comportement du regard pendant que la difficulté de la tâche était manipulée par l’introduction d’un scénario d’urgence en vol (c’est-à-dire une panne totale inattendue du moteur). On s’attendait à ce que l’introduction d’un scénario d’urgence en vol donne un aperçu des changements de comportement du regard sous-jacents au traitement de l’information dans des conditions de tâche plus difficiles. L’étude rapportée ici fait partie d’une étude plus vaste examinant l’utilité du suivi oculaire dans un simulateur de vol pour éclairer la formation des pilotes basée sur les compétences. Les résultats présentés ici n’ont pas été publiés auparavant.
Le protocole suivant peut être appliqué à des études impliquant un oculomètre portable et un simulateur de vol. La présente étude porte sur des données de suivi oculaire enregistrées parallèlement à des tâches complexes liées à l’aviation dans un simulateur de vol (voir le tableau des matériaux). Le simulateur était configuré pour être représentatif d’un Cessna 172 et était équipé du tableau de bord nécessaire (configuration de l’indicateur de vapeur), d’un système avionique/GPS, d’un panneau audio/lumières, d’un panneau de disjoncteurs et d’une unité de commande de vol (FCU) (voir la figure 1). Le simulateur de vol utilisé dans cette étude peut être certifié à des fins de formation et utilisé par l’école de pilotage locale pour former les compétences requises pour intervenir dans divers scénarios d’urgence, comme une panne moteur, dans un environnement à faible risque. Les participants à cette étude étaient tous agréés ; Par conséquent, ils ont déjà fait l’expérience du scénario du simulateur de panne moteur au cours de leur formation. Cette étude a été approuvée par le Bureau d’éthique de la recherche de l’Université de Waterloo (43564 ; Date : 17 novembre 2021). Tous les participants (N = 24 ; 14 hommes, 10 femmes ; âge moyen = 22 ans ; plage d’heures de vol : 51-280 h) ont fourni un consentement éclairé écrit.
Figure 1 : Environnement du simulateur de vol. Une illustration de l’environnement du simulateur de vol. Le point de vue du participant sur le poste de pilotage reproduisait celui d’un pilote aux commandes d’un Cessna 172, préréglé pour une approche vent arrière à la base jusqu’à l’aéroport international de Waterloo, à Breslau, en Ontario, en Californie. Les cases orange représentent les dix principaux domaines d’intérêt utilisés dans les analyses du regard. Il s’agit notamment de (1) la vitesse, (2) l’assiette, (3) l’altimètre, (4) le coordinateur de virage, (5) le cap, (6) la vitesse verticale et (7) les indicateurs de puissance, ainsi que les (8) fenêtres avant, (9) gauche et (10) droite. Cette figure a été modifiée à partir d’Ayala et al.5. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
1. Sélection des participants et consentement éclairé
2. Configuration matérielle/logicielle requise et mise en service
3. Collecte des données
REMARQUE : Répétez ces étapes pour chaque essai. Il est recommandé de placer l’ordinateur portable sur le banc à l’extérieur du cockpit.
4. Traitement et analyse des données
Terme | Définition |
Succès ( %) | Pourcentage d’essais à l’atterrissage réussis |
Délai(s) de réalisation | Durée entre le début du scénario d’atterrissage et l’arrêt complet de l’avion sur la piste |
Dureté à l’atterrissage (fpm) | Le taux de descente au point d’atterrissage |
Erreur d’atterrissage (°) | La différence entre le centre de l’avion et le centre de la marque de piste de 500 pieds au point d’atterrissage |
Tableau 1 : Variables de résultat du rendement du simulateur. Variables dépendantes des performances de l’avion et leurs définitions.
Figure 2 : Trajectoire de vol du scénario d’atterrissage. Schéma (A) du circuit d’atterrissage effectué lors de tous les essais et (B) de la piste avec les balises de 500 pieds qui ont été utilisées comme point de référence pour la zone d’atterrissage (c.-à-d. cercle orange central). Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Figure 3 : Cartographie de la zone d’intérêt. Une illustration du script batch montrant une fenêtre pour la sélection de cadres. La sélection d’une image optimale implique le choix d’une image vidéo qui comprend la plupart ou toutes les zones d’intérêt à cartographier. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Figure 4 : Génération des coordonnées de cartographie de zone d’intérêt « à l’écran ». Une illustration du script batch montrant une fenêtre pour la sélection des coordonnées « à l’écran ». Cette étape implique la sélection d’une région carrée/rectangulaire qui reste visible tout au long de l’enregistrement, qui est unique à l’image et qui reste statique. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Figure 5 : Identification de la zone d’intérêt à cartographier. Une illustration de la fenêtre de script par lots qui permet de sélectionner et d’étiqueter les zones d’intérêt. Abréviation : ZI = zones d’intérêt. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Figure 6 : Traitement de scripts par lots. Une illustration du script batch de traitement de la vidéo et du mapping du regard des fixations réalisées tout au long de l’essai. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Terme | Définition |
Temps de séjour ( %) | Pourcentage de la somme de toutes les durées de fixation accumulées sur une zone d’intérêt par rapport à la somme des durées de fixation accumulées sur l’ensemble des zones d’intérêt |
Durée moyenne de fixation (ms) | Durée moyenne d’une fixation sur une zone d’intérêt, de l’entrée à la sortie |
Taux de clignotement (clignotements/s) | Nombre de clignotements par seconde |
SGE (embouts) | Dispersion de fixation |
GTE (bits) | Complexité de la séquence de balayage |
Nombre de combats | Nombre d’événements de tunnel cognitif (>10 s) |
Durée totale du combat (s) | Temps total des événements de tunneling cognitif |
Tableau 2 : Variables de résultat du suivi oculaire. Variables dépendantes du comportement du regard et leurs définitions.
L’impact des exigences de la tâche sur les performances de vol
Les données ont été analysées sur la base d’essais d’atterrissage réussis dans des conditions de base et d’urgence. Toutes les mesures ont été soumises à un test t sur échantillons appariés (facteur intra-sujet : condition de la tâche (de base, d’urgence)). Tous les tests t ont été effectués avec un niveau alpha fixé à 0,05. Quatre participants se sont écrasés...
La méthode de suivi oculaire décrite ici permet d’évaluer le traitement de l’information dans un environnement de simulateur de vol au moyen d’un suivi oculaire portable. L’évaluation des caractéristiques spatiales et temporelles du comportement du regard donne un aperçu du traitement de l’information humaine, qui a été largement étudié à l’aide de paradigmes de laboratoire hautement contrôlés 4,7,28...
Il n’existe pas d’intérêts financiers concurrents.
Ces travaux sont financés en partie par la Bourse d’études supérieures du Canada (BESC) du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) du Canada et la Subvention d’exploration (00753) du Fonds Nouvelles frontières en recherche. Les opinions, constatations, conclusions ou recommandations exprimées dans ce document sont celles de l’auteur ou des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles des commanditaires.
Name | Company | Catalog Number | Comments |
flight simulator | ALSIM | AL-250 | fixed fully immersive flight simulation training device |
laptop | Hp | Lenovo | eye tracking data collection laptop; requirements: Windows 10 and python 3.0 |
portable eye-tracker | AdHawk | MindLink eye tracking glasses (250 Hz, <2° gaze error, front-facing camera); eye tracking batch script is made available with AdHawk device purchase |
Demande d’autorisation pour utiliser le texte ou les figures de cet article JoVE
Demande d’autorisationThis article has been published
Video Coming Soon